Numéro 32-33. Premier et second semestre 2019 RÉPONSE, RESPONSIVITÉ, RESPONSABILITÉ

Dossier central sous la direction de Simon Calenge.

23,00 €

ISBN : 1762-4371

Dossier central sous la direction de Simon Calenge

Ont contribué à ce numéro double : Lucas Bloc, Georges Boris, Simon Calenge, Jean-Claude Gens, Stefan Kristensen, Patrick Leconte, Dorothée Legrand, Bernd Lehfeld, Johann Michel, Victor Monteiro, Virginia Moreira, Jacques Quintin, Guy Risbec, Carla Taglialatela, Marc-Antoine Vallée et Bernhard Waldenfels.

Le phénomène de la réponse est plurivoque. Il est à la fois le fait de donner une réplique dans un dialogue, le fait d’être à la hauteur d’une exigence, le fait de remplir un engagement. Dans tous les cas, la réponse dit d’abord le mouvement de retour, de relance : le ré- de la réponse suppose toujours l’antériorité irrattrapable d’un appel auquel elle doit son mouvement. Mais dans ce mouvement en retour, la réponse, spondere, est aussi un engagement, une garantie qui, face à l’autre, vient de soi. Elle est attestation de soi. La réponse apparaît alors comme l’unité problématique d’un mouvement qui vient de l’autre et d’un mouvement qui vient de soi : il n’est pas possible sans l’injonction ou l’appel de l’autre, mais suppose toujours en même temps de ma part une initiative propre qui ne peut venir tout entière de l’extérieur.

Dans la réponse apparaissent alors, en chiasme, deux mouvements d’empiètements réciproques. La réponse fait face à un mouvement qui vient de l’autre et qui empiète sur soi : elle fait suite à un appel écouté et subi qui maintient d’abord celui qui répond dans une passivité radicale. Mais dans son mouvement en retour, elle réplique à cet appel, et modifie jusqu’à l’ordre même d’où cet appel surgit. Parce que la réponse n’est pas seulement provoquée par l’autre, mais soutenue par soi, elle implique en même temps une transformation radicale de celui à qui elle répond.

Si le phénomène de la réponse est source de questionnement, c’est précisément à cause du caractère dialectique de son unité à celle de deux instances qui demeurent étrangères l’une à l’autre – et à cause du caractère chiasmatique de sa structure – qui doit rapporter l’un à l’autre deux mouvements irréconciliables. C’est dans le croisement des perspectives que la réponse pourra être étudiée dans la richesse du problème qu’elle pose : l’unité du soi et de l’étranger.