TROIS FORMES MANQUEES DE LA PRESENCE HUMAINE
La distorsion, la présomption, le maniérisme
Ludwig Binswanger
23,00 €
ISBN : 2-9516507-3-6
Ludwig Binswanger
23,00 €
ISBN : 2-9516507-3-6
Préface d’Alain Donnars.
Trad. de J.-M. Froissart
Les Trois Formes manquées de la présence humaine sont un modèle de Daseinsanalyse, d’analyse existentielle.d’analyse existentielle. Binswanger montre ici comment, dans les trois situations existentielles qu’il nous présente, l’homme rate la présence au monde, à autrui et à soi. L’ étude sur la présomption constitue un manifeste pour l’analyse de la spatialité vécue et des directions de sens. L’homme peut s’égarer en montant : tel est le sens de la présomption, le perdu trop-haut. Le psychiatre suisse montre en effet comment chacun va rater la présence au monde en voulant monter toujours plus haut, en perdant l’assise qui permet de s’élever tout en restant dans le monde commun. Par la hauteur se fait alors une sortie du monde ; dans l’être-au-dessus s’amorce unne-plus- y-être. Ce qui fait la force de ce texte, c’est que l’analyse de la hauteur vécue peut se lire dans tous les registres : celui de la psychopathologie (depuis la présence autistique emmurée dans sa hauteur jusqu’à l’orgueil hystérique et jusqu’au mépris paranoïaque), mais aussi celui de la littérature ou de l’architecture – ce que fera Binswanger avec un personnage d’Ibsen. Le maniérisme, thème de la deuxième étude, constitue de même une sortie de la présence pour se retirer, non pas dans la hauteur, mais dans l’image. Dans son affectation, le maniéré s’est «figuralisé » ; il est devenu image et s’est ainsi extrait du monde commun. La troisième analyse, un peu différente, réalise à proprement parler une analyse praxéologique, c’est-à-dire de la conduite de l’action. La métaphore de la vis est parlante : elle montre le ratage jusqu’au «foirement». Ainsi, l’exemple douloureux du père qui offre un cercueil à sa fille cancéreuse montre comment l’homme, en s’obstinant sur les fins – ici être utile à sa fille –, peut devenir incapable de les réajuster à la mesure de la présence humaine. Dans ce texte, à rapprocher de la question du rationalisme morbide, Binswanger développe une analyse de la rigidité psychotique. Dans l’incapacité à reculer pour se réajuster, le psychotique est toujours porté à «forcer» pour se justifier, et la rigidité psychotique touche alors à la rigidité idéologique. Binswanger rejoint en cela la grande intuition de la première étude, avec la magistrale image du fourvoiement présomptueuxde l’alpiniste, monté bien trop haut pour pouvoir redescendre.