PATOČKA LECTEUR D’ARISTOTE
PHÉNOMÉNOLOGIE – ONTOLOGIE – COSMOLOGIE
Sous la direction de Claude Vishnu Spaak et Ovidiu Stanciu
18,30 €
ISBN : 978-2-917957-24-0
Sous la direction de Claude Vishnu Spaak et Ovidiu Stanciu
18,30 €
ISBN : 978-2-917957-24-0
Avec le concours de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Institut Universitaire de France
Avec les contributions de Marion Bernard, Dragoş Duicu, Filip Karfik, Frédéric Jacquet, Eliška Luhanová, Riccardo Paparusso, Claire Perryman-Holt, Camilla Rocca, Pierre Rodrigo, Emre Şan, Claude Vishnu Spaak, Ovidiu Stanciu.
Préface de Renaud Barbaras
Avec la parution récente de la traduction française de la seconde thèse d’habilitation – monumentale – de Jan Patočka, Aristote, ses devanciers, ses successeurs (2011), il devient enfin possible de mesurer l’importance des concepts fondamentaux de la physique aristotélicienne pour l’élaboration du projet philosophique original que Patočka développera à partir des années 1960. Ceci est d’autant plus remarquable que le philosophe tchèque, empêché à cette époque pour des raisons politiques de consacrer ses travaux à la phénoménologie, a pu renouer, dans ces études sur Aristote, avec la source antique du projet phénoménologique, afin de donner à celui-ci un nouveau départ. C’est en effet principalement dans le cadre d’une réappropriation phénoménologique du concept de mouvement que Patočka ressaisit la pensée aristotélicienne comme une voie permettant de dépasser l’impasse subjectiviste qu’il croit encore à l’oeuvre – quoiqu’à des degrés divers – chez Husserl et Heidegger. Le mouvement en vient à revêtir une détermination ontologique fondamentale : irréductible à un quelconque sens intramondain et ontique (dont le mouvement local constituerait à cet égard la forme paradigmatique), le mouvement est conçu comme procès ontogénétique, c’est-à-dire comme advenue à l’apparaître.
Mais le plus grand apport de la Physique tient alors, selon Patočka, à l’établissement des conditions d’un tel mouvement, qui a pour déploiement vivant la nature (physis) et pour fond le monde (cosmos). Aristote a, selon Patočka, su être attentif au fait que c’est ultimement sur le plan d’une cosmologie, à laquelle nous ouvre la physique comme à son origine profonde, que se situent les conditions de possibilité dernières de la phénoménologie. Dans cette perspective, Patočka peut également soutenir qu’Aristote ouvre la voie d’une philosophie asubjective, puisque le mouvement de la manifestation pensé à partir du monde constitue le préalable de tout dévoilement humain.
Cet ouvrage, qui rassemble les contributions de spécialistes européens dans le domaine des études patockiennes, vise un objectif simple : interroger les apports de la lecture d’Aristote pour l’élaboration, chez Patočka, d’une ontologie et d’une cosmologie phénoménologiques subjectives, et aider ce faisant à éclairer sous un jour nouveau la pensée de ce philosophe qui fut, sans ambiguité possible, une figure majeure du courant phénoménologique au XXe siècle.