Numéro 24-25. Premier et second semestre 2015 L’HOMME ET SON HYSTÉRIE ANTHROPOLOGIE ET PSYCHOLOGIE DE L’HYSTÉRIE MASCULINE

Georges Charbonneau, Pierre-Étienne Schmit, Roger Ordono...

18,30 €

ISBN : 1762-4371

Ont contribué à ce numéro double : Georges Charbonneau, Pierre-Étienne Schmit, Roger Ordono, Philippe Cabestan, Carla Taglialatella, Charles-Henri Goybet, Guy Racheter, Françoise Dastur et Lucas Bloc.

L’homme et son hystérie, aux deux sens de ce titre; il en va aussi bien de l’hystérie de l’homme de genre masculin que de celle de l’humanité. Et même, en amont d’un phénomène humain, de l’hystérie de tout ce qui vit et procède de l’expression.
Cet ouvrage offre un regard plus vaste que simplement psychologique sur l’hystérie, permettant à la fois d’en étendre le sens au vivant et de lui assigner des limites plus précises. Ce regard sera principalement anthropologique (comprendre la « position de monde » hystérique, comprendre le phénomène de l’expression, sa relation à la socialité) et phénoménologique (l’hystérie affecte-t-elle tout notre être ? Quel niveau de l’identité humaine est spécifiquement en jeu sur la scène hystérique ?). Il concerne aussi la philosophie du vivant à travers l’analyse que cette hystérie suggère de la fonction expressive et de son rapport à l’identité de genre. Hystérie, expression et identités de genre sont liées en effet de nombreuses façons.

C’est le passage par l’hystérie masculine qui permet de réouvrir le champ de la question hystérique. Et il était utile de le faire car le concept d’hystérie avait servi, dans sa lecture charcotienne et freudienne, à disqualifier « scientifiquement» l’identité féminine.

Les hystériques vivent une sorte d’excès permanent : il nous faudra caractériser les catégories et modalités de cet excès. Les hystériques aiment également se donner en spectacle, interpeller l’espace collectif, défiler en portraits romanesques et le travail ici exposé laissera parader un grand nombre de figures masculines de cette hystérie : le macho, tout d’abord, mais pas seulement lui ; l’histrion, le vantard, le hâbleur, les maniérés en tous rôles, le sans gêne, le fanfaron, l’extravagant, l’ampouleur, le prétentieux, l’orgueilleux, le grandiloquent, le martial, etc.

Il sera aussi intéressant et utile de voir l’hystérie masculine sous d’autres traits moins coutumiers : le beau ténébreux, le beau sombre, le souffrant magnifique, le romantique noir, le baroque noir, le gothique, le dandy, le snob, le pessimiste mondain, et aussi la « folle » : dans ses parades, ce dernier n’échappe pas au registre de cette hystérie. Ce ne sont pas des figures proprement «psychopathologiques»; il faut laisser la pathologie où elle est! L’hystérie, le plus souvent, ne se prête pas à de la «pathologie» véritable. Elle reste une détermination particulière de la vie quotidienne et il faut laisser à la fonction de ridicule le soin de la repérer, de l’ignorer ou de la rabattre.

C’est au chantier de la révision et de l’enrichissement du concept moderne d’hystérie que ces études sont consacrées.